8 mai 2010

Le vertige de l'autre


#chacunpoursoietdieupourtous
Tu me saoules avec tes grands airs de séducteur. Regarde toi, c’est pas avec tes jolis mots que tu vas m’avoir. J’ai peut être l’air envoutée, là, maintenant, mais c’est parce que je pense à l’autre. Je l’imagine lui à ta place. Ce n’est pas ta main sur ma cuisse mais la sienne. Si j’ai l’air flattée par tes compliments chétifs, c’est parce qu’ils auraient pu sortir de sa bouche. Toi ta bouche elle est pâteuse et grasse, elle me fait pas envie. Rien ne me fait envie de toute façon. Lâche-moi la main gros con. Laisse-moi partir. Il n y a que lui qui sait me parler. « Je suis intimidé d'intimidation » qu’il me disait, et moi je le croyais. Range ta main je te dis ! Il n y a que lui qui sait me toucher. A la rigueur passe tes doigts dans mes cheveux, ça me rappellera quand on se caressait. Quoi ? Tu trouves que je suis déguelasse ? Tu préférerais que je me taise et que je te fasse croire que c’est toi qui me fais de l’effet ? Pour moi, ce soir tu es lui et si t’as envie d’être un autre alors dégage. 


Tu sais, ça ne me dérange pas qu’il y en ait une autre. J’ai toujours été captivée par les histoires maladives. Elle ressemble à un animal sauvage, une enfant qui n’a besoin de personne pour s’en sortir mais que tu refuses d’abandonner. Quand je pense à toi j’ai obstinément cette image d’elle assise sur une chaise avec une jambe repliée sous son corps déchiré qui m’aveugle. Elle est belle dans toute son horreur, et elle joue ses notes éparses sur le piano désaccordé de mon entendement. Personne ne la comprend, même pas toi. Surtout pas toi. Même si tu y crois avec une force qui m’intimide. Pourtant je ne suis pas seule quand je m’égare : il n’y a rien dans ce désert. Rien à part toi et moi. Deux sots qui croient encore à l’espoir. Mais dans la recherche de cet or noir nous ne trouvons que l’oubli, la peur, le vide : le vertige de l’autre. Rien que deux végétaux flottant dans un marais d’alcool.

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