28 avril 2010

Zazou time

#jemenvolejemenvolejemenvoooooooole


« Qui boit un zazou finira au fond du trou ». Je ne pouvais pas dire qu’on ne m’avait pas prévenue.

Chacun y allait de son petit commentaire « tu verras, c’est un cocktail vraiment puissant », « pour moi, celui qui réussit à en boire 4 est un héros », « ce sont les 6 euros les mieux investis de ma vie ». Alors forcément ça m’a donné envie et j’ai moi aussi commandé un zazou. En fait, on l’a fait pour moi #sinonçaserviraitaquoiunhomme ?

Ce qui a suivi est flou. A vrai dire, le zazou a eu un effet fracassant que je n’avais pas prévu. Il était minuit, nous étions assis à la terrasse d’un bar dissimulé dans une petite rue étroite, heureux de pouvoir se sentir bercés par les premières brises de printemps et soudain, tout s’est accéléré.

Je me suis mise à valser avec des poupées gonflables et j’ai rencontré Rambo. J’ai regardé London Derrières avec mes copains et j’ai chanté all by myself au rayon des surgelés. Putain, ils avaient raison, il est vraiment fort ce zazou. Tellement fort que j’en perds mes repères chronologiques. Ais-je fait tout ça avant ou après ma panne des sens ? La zazou a-t-il était l’élément déclencheur de cette folie passagère ou a-t-il justement clôturé en beauté ce week-end hors du commun ?

Peu importe, je vais m’en servir comme justificatif.

« C’était pas moi, c’était le zazou ».

Le zazou va être responsable de tous mes maux de ces derniers jours. Mes maux de tête, mes maux d’amour, mes maux bleus, mes maux maux maux tus, mes gros maux et mes jeux de maux.

Donc avec, ou sans, zazou, voilà ce qui s’est passé.

J’ai mangé une vingtaine de cerises à l’eau de vie de la même manière que j’aurais mangé des dragibus : rapidement et sans réfléchir. Un peu euphorique, j’ai craché les noyaux un peu partout dans le salon #pasglamour. J’ai ensuite du tous les ramasser, un par un, à quatre pattes et en pyjama poom poom short #superglamour. Les noyaux étant de la même couleur que le parquet, j’ai beaucoup rigolé.

J’ai parlé à un fervent supporter de Sarah Palin qui arborait une casquette I love Jesus juste après avoir croisé un vieux mac déguelasse au marcel taché de vin et aux Ray Ban rayées.

J’ai essayé d’empêcher mes amis Parisiens de venir en Auvergne déguisés en paysans ou en chasseurs. « Mais tu comprends Ju, si on ne s’habille pas comme les autochtones, les gens nous reconnaitront, on veut vraiment être comme tout le monde. On apporte au moins des sabots non ?». Vous rirez moins quand vous mangerez du camembert au petit déjeuner. #amateurs.

J’ai vu deux hippopotames, le premier sortait d’un Kinder surprise, le deuxième sortait de la poche arrière du jean d’un corsico-belge.

J’ai croisé quelqu’un avec ma culotte noire en dentelle sur sa tête.

J’ai réussi de regarder Trace Tv avec l’homme aux chemises de coton qui sentent bon alors qu’il se réveille avec Beethoven et fait le ménage avec Tchaïkovski.

J’ai demandé à deux musicologues invités à notre soirée de changer leur « putain de musique conceptuelle » pour pouvoir danser sur David Guetta ou Lady Gaga. J’aurais aussi bien pu tuer une vache sacrée devant un indien ou vanter les mérites du communisme à JMLP.

J’ai ouvertement nié avoir pleuré devant New York I love you alors qu’en sortant de la salle de grosses larmes coulaient encore sur mes joues.

J’ai confondu moutarde légère et moutarde forte. J’ai pleuré et cette fois ci je n’ai pas nié.

Je n’ai pas cherché à comprendre pourquoi des morceaux de flûtes à bec jonchaient sur le sol de la cuisine et pourquoi une addition d’Alerte Apéro effectuée à 5h du matin avait était brulée dans l’évier.

J’ai bu du champagne à la bouteille en pleine rue avec les copains. Un SDF faisait la manche juste à côté. #wearecruel

Finalement, j’ai eu très mal au cœur, au sens littéral comme au sens figuré.

25 avril 2010

Juste au bon moment


#thedockofthebay



Assise au soleil ce matin, je serai encore assise quand le soir viendra.

Je regarde les gens passer, au travers des bouteilles qui dorment sur le sol.

Je regarde les gens passer et repasser.


Assise au soleil, je vois le temps défiler.

Assise au soleil, je regarde les gens passer et je perds mon temps.


Je laisse le salon dans ma vie maculée pour m’échapper dans l’air illuminé.

Là-haut je perds la conscience de la vie et de l’envie.

Là-haut je sens que plus rien de bien ne peut m’arriver.


Et je reste assise au soleil, à voir le temps défiler.

Je reste assise au soleil, à regarder les gens passer.


Tu sais bien que rien ne va changer, tout reste toujours pareil.

Je n’arrive pas à écouter les ordres qu’on veut me donner.

Je n’arrive pas à entendre cet homme qui siffle mon bonheur dans la lumière.


Alors je reste la même, assise au soleil, à contempler le temps défiler.

Assise au soleil, face à ces gens qui me font perdre mon temps.


Assise au soleil ce matin, je repose mes os fatigués.

Et cette solitude ne veut pas me quitter.

Assise au soleil ce matin, je parcours des kilomètres de pensée.

Et cette solitude ne veut pas me quitter.


Je reste assise au soleil, à regarder le monde tourner.

Alors que dans la vaste foule qui passe et qui repasse mon temps

L’homme continue de siffler.

23 avril 2010

La prochaine fois, peut être

#resteaumoinsjusquaudessert

Entre, assis toi et dis moi ce qui ne va pas. J’arrive, je faisais justement du café.

Elle te l’a annoncé comme ça ? Corsé ou déca ?

Elle n’aurait pas du, c’est vrai, mais elle devait avoir ses raisons. Un sucre ou deux ?

Allez remets toi, c’est un mauvais moment à passer, tout va s’arranger. Attention, c’est chaud.

Ne t’en fais pas, je suis sure qu’elle va s’excuser. Tu as vu ? Il pleut dehors. Tu es mieux ici.

Bien sûr que tu peux rester encore un peu. Tu as l’air d’avoir froid, tu veux un pull ?

Tu sais les filles on s’emporte vite, sois indulgent et tout rentrera dans l’ordre. Tu restes manger ?

Mais dis moi, ce n’est pas la première fois que ça arrive ? Je décongèle des coquilles Saint Jacques, un petit Chablis pour accompagner ?

A chaque fois tu dis ça, mais tu sembles toujours aussi malheureux. On a fini la bouteille, j’en débouche une autre ?

Oui tu as raison, tu devrais y aller, elle doit s’inquiéter à l’heure qu’il est. Repasse quand tu veux. Je referai du café, ou je t'offrirai du vin, car si tu viens, ce n'est que pour ça...n'est ce pas?

21 avril 2010

North Side Story


#leretourdesbeauxjours


Assises à la terrasse d’un café avec nos acolytes, on parle de tout, de rien, enfin… surtout de tout. On les charrie sur leurs hypothétiques coups d’un soir : « la brune courte sur patte là ? », « la fausse blonde que tu voulais emmener dans les toilettes ? ». On leur déballe nos états d’âmes : « le frigo gèle tous nos aliments, vous ne voudriez pas venir jeter un œil ? », « Pourquoi il ne me rappelle pas ? Tu me rappellerais toi hein ? Il t’a rien dit par hasard ? ». Et soudain, en plein débat autour de la marinière pour hommes, les bouches se ferment, les yeux se plissent et les poils se hérissent. La main sous le menton, la pose assurée et la tête haute, ils ne nous écoutent plus, nous sommes devenues invisibles.

Une fille est en train de passer dans la rue et ils sont ostensiblement en train de mater.

Bon, du coup on décide de la regarder nous aussi #normal, histoire de pouvoir subrepticement la critiquer. C’est net, clair et précis. Une fois notre mission accomplie, on repart rapidement sur nos tribulations quand on s’aperçoit qu’ils ne sont pas encore revenus au cœur de la conversation. Non, non, ils discutent égoïstement entre eux :

« Elle c’est un 3 », « Non, c’est un 4 », « Arrêtez les gars, elle vaut largement un 5 ! »

Oula, Garçon, ramenez nous des cappuccinos s’il vous plait, on va rester encore un petit peu, les choses deviennent intéressantes…

Nos hommes, la testostérone au maximum, sont entrain de noter la demoiselle. Devant notre étonnement, même pas penauds, ils nous apprennent qu’ils ont en fait un classement et qu’ils attribuent arbitrairement des notes aux filles de 1 à 10. « On ne met pas de 0 parce que le 0 ça n’existe pas. Même la fille la plus moche du monde reçoit 1 pour la participation. Elle a beau minorer, ça reste un être humain, 0 c’est pour les animaux. »

Autant vous dire qu’après deux minutes d’un prétendu discours indigné pour défendre la gente féminine – que nous venions quand même de critiquer #etalorsonestdesfillesnon? – on s’est empressé de demander nos notes. Et oui, défendre la cause féminine c’est bien (pour notre conscience), mais connaître notre classement c’est mieux (pour notre ego). Sauf que manque de chance, nos copains jouent les effarouchées et nous répondent par un : « Non, non les filles, on ne note pas les amies… » Tu parles ! #etmonculcestducostello?

Qu’à cela ne tienne, puisqu’ils font les cachotiers, on va deviner nous-mêmes notre propre classement. Comment ? En observant les notes qu’ils attribuent aux autres:

« Elle c’est un 6 : beaux yeux, fesses fermes, elle cumule. Mais pas plus parce qu’elle a un début de double menton. »

« Elle ? 2. Longue chevelure blonde, mais sans ça elle n’a rien. Vous l’imaginez tête rasée ? Suivante ! »

« Celle-là, là-bas, 4. Bouche pulpeuse et longues jambes, c’est OK. Mais ses sourcils broussailleux, BWARK. »

« Celle qui promène son chien là, 1, pas plus ! Les mèches ratées, les vêtements informes et l’air suicidaire : THE trio perdant ! »

Devant le massacre, on décide d’arrêter notre analyse là. Finalement on ne va pas trop chercher à savoir nos notes, le choc pourrait être violent. Et puis les garçons il faut savoir leur laisser un peu d’espace, ne pas les brusquer, leur faire croire qu’ils ont le dernier mot. Ça les conforte dans leur rôle de sexe fort #machomachoman.

Surtout que ce qu’on ne leur dit pas, c’est que nous aussi on a un classement, et que le nôtre, il passe largement sous la barre du 0. Tout le monde y passe, des illustres inconnus aux stars planétaires. D’ailleurs, juste pour l’exemple, Hoang, le nouveau télétubbies de M6 il atteint facilement -7, combo surpoids et voix nasillarde oblige. Ah, et on note nos amis aussi, et sans états d’âmes. Comme ça vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas prévenus messieurs.

19 avril 2010

Rock'N'Roll Lies


#statement

« We will eventually grow up and get a real job. But until then, we will keep making things up and writing them down. »

18 avril 2010

Je ne serai pas ethnologue

#jedecouvredoncjesuis


Cette semaine de vacances a été vécue comme une observation participante quotidienne. Voyage entre gériatrie et petite enfance.
Tout a commencé aux archives départementales. L’endroit le plus putride qu’il puisse exister, une salle aux murs verts épinard, à la moquette mitée, aux documents friables et poussiéreux et aux employées aimables comme des portes de prison. En soi, l’idée d’aller explorer les lettres d’amour que les poilus envoyaient à leurs femmes avant de mourir sur le front, ou de découvrir que son arrière grand père a eu une aventure avec sa grande tante, cela a un petit côté palpitant, croustillant, voire émouvant. Mais quand on y va pour se documenter pour son mémoire, qu’à peine entrée on rêve de faire demi-tour et qu’on y passe minimum 7heures par jour car les recherches sont longues et infructueuses, la quête du graal prend vite des allures de croisades ratées.
Mais qu’à cela ne tienne, puisque ce lieu épouvantable aller devenir ma seconde maison pour une semaine, autant se l’approprier en bonne et due forme.
Premier jour : faire amie-amie avec les autres personnes de la salle de lecture, histoire de se détendre un peu pendant les pauses -soit tous les quarts d’heures environ-. Ah non, c’est raté, il est formellement interdit de parler, des affiches jaunies par le temps, dactylographiées et patafixées sur les murs me le rappellent environ tous les 2 mètres. Un silence de mort règne, j’en entends même la trotteuse du gousset de mon voisin. Pourtant, après 3 heures passées à jeter un coup d’œil au cadastre de 1875 -certainement les heures les plus longues de ma vie-, le dudit voisin au gousset se risque quand même à une tentative d’approche et décide de m’adresser la parole. Mon héros ! Il avait osé de braver l’interdit, alors que la peureuse que j’étais avait eu trop peur du courroux de l’employée aux cheveux gras (employée numéro 1). Pour ma défense, elle ne cessait de m’envoyer un regard noir dès que je toussais ou faisais tomber mon stylo. Si j’avais prononcé le moindre mot, je n’ose imaginer qu’elle aurait été sa réaction.
Mais, malgré l’effort surhumain de mon intrépide voisin, je suis restée muette. Il aurait mérité que je lui réponde, c’était quand même la moindre des choses ! Il avait risqué l’expulsion pour moi, eh oui, on ne rigole pas aux archives ! Je suis donc demeurée silencieuse, impassible. #nonjenesuispasunelâche. Les regards méchants que me lançaient à son tour l’employée numéro 2, celle aux dents pivots cariées, ne m’effrayaient plus. Ce qui me retenait d’aller plus loin, c’était simplement l’odeur de pipi qui émanait de la couche de mon ex-presque nouvel ami. Oui, mon voisin de table avait dans les 90 ans, il portait un sonotone et, outre le fait qu’il ait tenté de m’amadouer avec un Werther’s original -ce qui aurait du me mettre la puce à l’oreille dès le début- une odeur nauséabonde se dégageait de son pantalon. Désolé papi, je ne fais pas dans les incontinents !

Le deuxième jour, parée, j’ai amené un échantillon de parfum, des mouchoirs à l’eucalyptus qui sentent bon, mon I-pod et mon ordinateur portable. Pour ceux qui connaissent un peu le système des archives (eh eh vous ne devez pas être nombreux bande de petits chanceux), vous devez vous demander comment j’ai fait. Il faut savoir en effet qu’entrer dans la salle de lecture munie de toute cette artillerie relève de l’exploit. Normalement, on doit tout laisser à l’entrée dans un casier. Les archives c’est à mi chemin entre les vestiaires de la piscine et la douane de l’aéroport, on n’y entre jamais, ô grand jamais, sans avoir au préalable déposé son sac à main/son portable/sa bouteille d’eau/ ses vivres/sa veste/ dans un coffre qui coûte la modique somme de 2euros (et qui nécessite donc de posséder une pièce de 2 euros et pas seulement une carte bleue ou un billet de 10 !! #maispourquoijenaijamaisdemonnaiesurmoi ?). Du coup, la première fois, arrivée un peu en touriste avec tout mon attirail, j’avais paniqué à la vue des énormes pancartes d’information et, en bonne citoyenne que je suis, je m’étais exécutée. J’avais tout, mais absolument tout, laissé dans le casier. Imaginez passer une journée dans une pièce qui sent la naphtaline et l’urine, avec des personnes d’une moyenne d’âge de 70 ans, sans pouvoir faire le moindre bruit et sans ordinateur ni téléphone… #justhell . Mais, naïve que j’étais, je me suis vite rendue compte que tout cela s’était de l’esbroufe, ces pancartes et ce règlement c’était pour nous faire peur, bien sûr que j’avais le droit de prendre mes affaires ! Si papi avait le droit d’amener sa sonde alors j’avais bien le droit de prendre mon laptop ! La guerre était déclarée ! Et ça a marché, l’employée numéro 3, celle à pustules, ne m’a rien dit quand elle m’a vu entrée munie de toute cette technologie. Je le savais !
Ah, je revivais, que la vie était belle, lalalalalalala, vive mon ordi portable, vive ma musique. Mais après avoir tapoté deux heures comme une furie et remplie 6 pages Word #lesarchivesçavousdonneunepêche, voilà qu’une mamie du 4ème âge, ridée à telle point que je pensais que quelqu’un lui avait creusé le front, me brise dans mon élan. Le rêve redevenait cauchemar ! Mamie Nova osait m’alpaguer pour me demander de faire moins de bruit, alors que Madame Chut, Madame Pustules et Madame Regard noir ne m’avaient encore rien dit.
« Jeune fille, excusez moi, pourriez vous taper plus lentement sur vos touches s’il vous plait ? Et pourriez-vous écouter un peu moins fort votre musique de « sauvages » ? »
Pardon, aurais-je mal compris ? Elle avait besoin d’une loupe pour lire et elle voulait me faire croire que son ouïe était aussi bonne qu’à ses 18 ans ? Il y avait une conspiration contre moi.
Après Mister Pipi qui avait tenté la douche dorée, voilà qu’Hospice Lady faisait des siennes. C’en était trop. Il n y aurait pas de troisième jour aux archives, ils m’avaient poussé dans mes retranchements. Je partais donc tête haute, à la rencontre d’une nouvelle expérience sociologique, emportant quand même dans mes poches la colle à appareil dentaire d’Hospice Lady, #fallaitpasmechercher.
Le mercredi, jour des enfants, nouvelle observation participante. Je babysitte pour ma petite cousine de 2 ans. Mains dans les cheveux pleines de chocolat, purées de carotte sur le haut en soie, sanglots incessants, Pocahontas par ci, Oui Oui par là… Bref, que du traditionnel, jusqu’au moment où je me suis retrouvée à devoir expliquer à sa mère pourquoi un œuf bleu lui était accidentellement poussé sur front. Oups. En fait je pense que j’étais plus à mon aise chez papyland que chez les Razmoquette. #renvoyezmoichezlesvieux ! Le problème c’est qu’elle a voulu essayé mes chaussures à talon, pointure 39. Je trouvais ça drôle et même si elle fait du 3 et qu’elle débute dans la fonction « debout, un pied devant l’autre chouette je marche », et que ça aurait pu m’alerter ; apparemment elle a l’habitude de piquer les chaussures des gens, donc je ne me suis pas plus inquiétée que ça. Pendant 10 bonnes minutes, elle a donc défilé avec plus ou moins d’aisance dans mes Nine West turquoise, avec le sourire jusqu’aux oreilles, jusqu’à ce que bien sûr, le drame se produise. Elle s’entrave, tombe, et se prend le coin de table.
Est-ce qu’on peut donner des granules homéopathiques d’arnica à des bébés ? Il est où le Meutripan ? Le mercurochrome c’est que quand y a du sang, non ? Si je mets du fond de teint sur la bosse personne ne remarquera rien, hein ?

16 avril 2010

Spotted S01E01

#icanbeabitchenoughforthebothofus



Gossip Girl ? Ca fait longtemps que tout le monde a arrêté. De toute façon, y’a pas à dire, depuis que Blair s’est assagit c’est plus ce que c’était. Et puis en France on a trouvé bien mieux. Gossip Girl on ne le regarde plus, on le vit. #irl

Je préfère vous le dire toute de suite, chez nous Serena est chiante. Sa beauté, sa blondeur, ses jambes interminables, etc. dans la vraie vie elle a tout perdu avec sa montagne de problèmes psychologiques. A Paris, S est donc toute fine, mal dans sa peau, avec le cheveu raplapla et elle fume beaucoup pour combler le manque de sa gloire perdue. Et ouais parce qu’ici c’est Blair la star ! En parfaite reine parisienne, Queen Bee est chiante et vit dans un duplex sur le boulevard St Germain que son père pilote lui a offert pour ses 20 ans. Nate est son meilleur ami depuis la maternelle, et au lieu d’être son ex il est évidemment gay, comme tout les beaux mecs dans cette ville.

Cet épisode se passe au mois d’Août, quand il n’y a personne à Paris à part les touristes et la jeunesse dorée laissée libre dans les appartements vides des parents en vacances. Blair et Nate, qui se retrouvent après un mois passé sans se voir, veulent fêter leur réunion et ont invité Serena à dîner dans le seul restaurant typique japonais encore ouvert à cette saison. Après une grasse orgie de sushis arrosée de saké, ils ont décidé d’aller retrouver Dan, habitant exceptionnellement à Paris pendant l’été.

Oui parce que Dan en France ne vient pas de Brooklyn mais de Berk sur Mer #ouch. Sauf que comme il a accidentellement crashé le scooter de son frère dans un poteau, il est maintenant obligé de passer ses vacances à classer des dossiers pour rembourser les dégâts. Il loge donc chez un copain parisien qui est un parfait équivalent de Vanessa : pseudo-bobo, assommant et à absolument éviter si l’on veut passer une soirée sympa. Or, cette fameuse Vanessa a justement entraîné Dan dans un bar autour du Canal St Martin pour fêter la sortie d’un de ses demis courts-métrages.

Comme la nuit parisienne est particulièrement pauvre en taxi, les membres de Gossip Girl Paris se déplacent fièrement en métro, vélib’ ou noctiliens. Sur le chemin, Nate reçoit un coup de fil de Dan. Apparemment le bar n’est pas autour du canal St Martin mais véritablement sur les quais. Blair crie au scandale. Les seules personnes qui trainent sur les quais à Paris sont les hippies et les clodos, encore plus la nuit. Il est hors de question qu’elle aille y salir ses sandales Jimmy Choo. Surtout pour passer une soirée roots avec cette horreur de Vanessa #gross. Mais en passant au dessus du café, B aperçoit Chuck qui attend dans le noir, un verre à la main, le regard perdu dans l’eau. Or Chuck à Paris c’est le mec ultime. Et quand on s’appelle Blair (ou Nate d’ailleurs) on ne recule pas devant le mec ultime, même si cela signifie se laisser embarquer dans une soirée avec des backpackers de l’extrême.

Le bar est un sale endroit appelé le point éphémère. Sorte de vieil entrepôt désaffecté, le gérant a à demi aménagé l’intérieur pour en faire un comptoir autour duquel il donne parfois des soirées reggae, parfois des concerts de transe. Mais en été la plupart des gens prennent les verres pour aller s’installer dehors, à même le quai et boire joyeusement leur bière dans les vapeurs de pisse et les relents d’égouts. Blair pense tout haut qu’on ne pouvait pas trouver pire endroit du monde pour organiser leurs retrouvailles avec Dan, Vanessa et le Chuck du soir, qui sont là avec quelques amis.

Après deux minutes de discussion factice, Nate et Blair décident d’aller se chercher à boire pour oublier les lieux et noyer la conversation de Vanessa. Dan les suit tandis que Serena part. En France S aime bien faire ça, partir juste après avoir dit bonjour #concept. Au bar, soirée roots oblige, rien n’est cher mais rien n’est bon. Dan s’achète une bière devant les têtes effarées de Nate et Blair. C’est sûr, quand on porte les initiales N ou B on a un palais qui ne supporte ni le goût du houblon ni la saveur du champagne dans les verres en plastique. On n’apprécie pas non plus les mains des mecs pas nets qui trainent un peu trop près des fesses de Queen Bee. Mais on n’aime encore moins se faire traiter de coincé et de rabat-joie. Or là c’est clairement ce que l’air dédaigneux de Dan veut dire. Piquée Blair fonce au bar commander trois gobelets de vodka-fraise mal dilués alors que Nate dégaine un flacon de poppers… Si ils doivent faire une soirée roots, alors ils vont la faire à fond. Et pendant que la pulpe rouge s’écrase au culot des verres, les tags sur les murs se mettent à danser devant leurs pupilles dilatées alors que Chuck fait une entrée vacillante dans leur champ de vision. C’est sûr, la nuit promet encore d’être belle…

14 avril 2010

Il faut que je t'aie

#Jenemanquepasdebonnesraisonspourtaimer

Tes blagues et ta jolie paire de fesse ont eu raison de ma faiblesse. Tes fossettes et tes mots habiles m’ont rendu docile.

Mais ne vois tu pas comme je lutte ? Arrête de la regarder, arrête de la toucher et de la désirer. Arrête de reculer, viens vers moi, approche toi. Avance et comble cette distance entre nous.

Si mon cœur tombait à l’eau, il se rouillerait. En le posant sur l’évier, tu verrais une trace orange se dessiner sur le gré. Tu l’as tellement usé. Répare tes erreurs, à base de détergeant ou d’asseptisant, de caresses ou de promesses, redore le.

Je sais qu’il faut que je m’accroche plus fort si je veux m’accrocher encore à ton cou. Mais ne pourrais-tu pas m’aider ? Viens me chercher et serre fort mes poignets, place les sur ta nuque et fais ce qu’il te plait.

12 avril 2010

Il n'y a pas d'anniversaires heureux

#jaitrouvémonfondant

Les anniversaires c’est comme les premières fois, c’est toujours un peu raté. Plus les années passent et plus je redoute ce jour symbolique. Je ne devrais pas, mais les antécédents font que j’ai de quoi me méfier.

Pour mes 7 ans, je me suis fait couper les cheveux. En dehors de ma volonté.
« Maman, pourquoi on est chez le coiffeur ?

- La coiffeuse va te faire un petit carré, tu verras, ça fera plus jeune fille. Il faut marquer l’occasion, tu vas entrer dans l’âge de raison maintenant ! »
J’ai perdu mes belles boucles, ces ondulations dorées que je faisais virevolter sur mes épaules. Pour me venger, j’ai décidé de passer directement de l’âge bête à l’âge ingrat.

Pour mes 14 ans, c’était le dimanche de Pâques. Une journée qui a débuté par un Notre Père à l’Eglise et qui s’est poursuivie avec un repas familial comme on n’en fait plus, à base de gigot d’agneaux et de flageolets, comment rêver mieux ? Amen. Et puis les mauvaises surprises ont continué. Au moment d’ouvrir les paquets, j’ai comptabilisé 4 poules en chocolat, 2 lapins, 1 cloche et 1 œuf. Uniquement des cadeaux qui fondent dans la main… recevoir un billet de 100 francs relevait-il du miracle ? On était en train de célébrer la résurrection de Jésus, j’avais donc de bonnes raisons de croire qu’une enveloppe pouvait elle aussi faire une réapparition surprise. Rien ne s’est produit. La vierge Marie ne devait pas être si vierge que ça.
Pour mes 19 ans, ma mère a voulu organiser une fête derrière mon dos. Sauf qu’entre le moment de l’organisation et le jour J, j’ai rompu avec mon petit ami de l’époque. Pour se venger, il a claqué la porte en me lâchant « au fait, tu diras à ta mère que je ne viendrai pas à ta fête surprise ». Essayer de feindre une once d’étonnement quand vous êtes au courant de tout, vous verrez, c’est délicat. De là à gâcher la soirée, il n y a qu’un pas.
Pour mes 20 ans, on a tous abusé du champagne. Sur les 20 invités, la moitié a du vomir, les draps/moquettes/vases/jacinthes du jardin, s’en souviennent encore. Sur le moment j’ai trouvé ça drôle, je me suis prise au jeu « moi aussi, moi aussi !! ». Le lendemain, j’ai beaucoup moins ri.
Pour mes 21 ans, je venais d’arriver en Italie où je devais faire un stage pendant 4 mois. Le hasard a fait que mon premier jour de travail coïncide avec celui de mon anniversaire. Ne connaissant personne, je suis restée discrète et je n’ai rien dit. Mais mon portable n’arrêtant pas de sonner, ma collègue s’est un peu échauffée. Voulant faire bonne impression, je me suis excusée et lui ai avoué qu’aujourd’hui c’était un jour particulier. Vers 15h, le grand chef nous a tous réunit dans son bureau. Les 50 employés rassemblés, il a débouché les bouteilles et sortit les petits : « aujourd’hui c’est l’anniversaire de l’une d’entre nous, pour l’occasion, j’espère qu’elle va nous faire un petit discours ! Veuillez donc tous lever vos verres pour…Djoustine ». Le cœur battant à 100 à l’heure, les mains tremblantes, jonglant entre le carmin et le violet, j’ai du faire un speech devant toute une assemblée de Rigatonis qui n’avaient aucune idée de qui j’étais et qui se demandaient pourquoi mon ‘R’ ne roulait pas naturellement. A l’avenir, j’éteindrai mon téléphone.

Cette année, j’ai eu beau essayé de repousser l’échappatoire, mon anniversaire est arrivé comme prévu #imnotsuperwoman.

De retour à la maison familiale pour les vacances, je sentais que cette journée allait encore être à marquer d’un fer blanc. Et elle le fût.

A 7h30 mes parents ont débarqué dans ma chambre.

« Putain mais vous faites quoi là ? Et il est quelle heure d’abord ? La lumière bordel !

- Joyeux anniversaire !!

- Ah oué c’est vrai, ben…mmmmh…. merci, mais bon il est un peu tôt là non…

- Y en a qui bossent ma grande, alors on voulait te souhaiter un bon anniversaire avant de partir au boulot, c’est la moindre des choses.

- Ah oué trop sympa. Ben travaillez-bien alors. Je vais me recoucher là hein ? A moins que vous vouliez autre chose #commemoffrirmescadeaux ?

- Non, non c’est bon on a fini, rendors toi »

Autant dire que je ne suis pas parvenue à me rendormir, et puis le téléphone vibrait déjà, et il fallait vite que je consulte mon Facebook et mes mails #livingwithmytime. Au passage, nota bene pour l’an prochain : les anniversaires souhaités par des gens à qui je ne parle plus depuis plus de deux ans et qui pensent que je suis à eux (MA Justine) sont à proscrire absolument.

Au moment du déjeuner, j’ai eu une pomme en guise de dessert. La tradition veut qu’on préfère m’acheter des livres pour m’aider à maigrir plutôt que de me faire plaisir avec un fondant au chocolat.

Vraiment, chez moi, les anniversaires, c’est comme les pommes bios. Au premier abord, leur peau luisante les rend désirables et nous promet une chaire juteuse et parfumée. Mais quand on croque dedans, elles se révèlent être verrées et gorgées d’eau.

Et puis le soir, il est venu. Il s’est déplacé pour me le souhaiter en personne. Comme d’habitude, il s’est assis sur mon lit et on a parlé. On a ri. Il avait vieilli, mûri. Physiquement, mentalement. Il était stressé, il attendait une réponse importante. J’étais heureuse, ma journée prenait une autre allure. Il parlait vite, il gesticulait, il tordait mon coussin dans tous les sens. Je l’ai apaisé, rassuré. Finalement il est parti. La nouvelle était mauvaise. J’ai voulu l’aider mais Je n’ai pas trouvé les mots. J’ai été maladroite. Et puis il s’est énervé. Je lui en ai voulu. Je m’en suis voulu. Pourquoi il ne pouvait pas être livré avec un mode d’emploi ?

A chaque fois c’est pareil, trop de questions, trop de non-dits, mais il revient toujours et il maltraite inlassablement mon oreiller. Finalement, c’est peut être lui mon fondant ?

9 avril 2010

Nothing happens unless first we dream


#turêvesmafille

Le rêve commence bizarrement déjà. Comme une mise en abyme. Parce que je me réveille, mais dans mon rêve. Je suis dans la chambre de ma mère. Où, dans la vraie vie, je viens de m’endormir avec Felipe après avoir pris le petit déjeuner. Sauf que là je me réveille et qu’il est tard, genre comme si on avait dormi through the day. Je sais ça se dit pas en français, mais y’a des expressions anglaises comme celle-là qui retranscrivent mieux les images. Dans ma tête il est 22h quelque chose comme ça. Enfin dans mon rêve. Et déjà je suis paniquée d'avoir laissé filer une journée de vacances. Et puis y’a un truc dans l’air qui tourne pas rond non plus. Je me tourne vers Felipe pour voir s’il dort sauf qu’il y a un mec couché à côté de lui qui commence à remuer. Et y’a du bruit en bas, beaucoup de bruit. Je commence à secouer Felipe pour comprendre. Il se lève lentement alors que ma panique augmente. J’aime pas quand je ne contrôle pas ce qu’il passe. Surtout si c’est chez moi. Ce mec à côté de lui je le connais pas, mais je suis sûre que c’est un de ses plans culs obsessionnels du moment. J’ai jamais rien eu contre les gays, mais là, au réveil, j’ai pas envie de savoir ce que ce type fout là. Et puis c’est quoi ce vacarme en bas ?

Je suis déjà passablement énervée quand Felipe m’annonce d’un air désabusé que le bruit vient de tout les gens qu’il a invité pour la fête. Il a l’air serein, moi j’hallucine. J’ai envie de crier. D’ailleurs je ne me gène pas pour le faire ; c’est mon rêve en même temps : « Mais d’où t’as organisé une fête ? Ici en plus ? Et je connais personne. Et t’organise une fête et ensuite tu viens te coucher ? T’es complètement inconscient ! C’est super fragile ici. Tu te rends compte ce qu’il nous arrive si quelqu’un pète un truc ? La plupart des objets sont irremplaçables. Et puis y’a tous les disc durs externes de ma mère. Si quelqu’un les vole !! C’est toute sa carrière qui disparaît. Putain mais genre pourquoi tu ferais un truc pareil?! » La panique commence vraiment à me posséder entièrement sauf que tout autour de moi reste terriblement plat. C’est d'une horrible frustration ! Je hurle, j’ai peur, on entend les sons, ils m’incommodent d’ailleurs, mais aucune émotion n’arrive aux gens qui m’entourent. Felipe, impassible, me dit qu’il m’a demandé l’autorisation, pendant qu’on dormait, et que j’ai dit oui. Pourtant je suis sûre que c’est faux. Je suis beaucoup trop épuisée. J’ai pas assez dormi et j’aurai jamais organisé une fête en partant me coucher.

Le mec à côté de lui est toujours là. Lui non plus n’a pas l’air de saisir l’ampleur de la situation. Il me dégoûte. Sa présence et son silence me dégoûtent. Et puis je suis terrifiée à l’idée de voir les dégâts en bas. En descendant je croise plein de gens dans l’escalier mais j’ai l’impression de ne connaître personne. C’est un sentiment horrible d’être chez soi mais de s’y sentir tellement étranger. Soudain quelqu’un m’alpague : deux filles, blondes, assez excitées, qui parlent fort avec des verres à la main. Quand je les regarde j’ai l’impression de les connaître même si je ne peux pas dire qui c’est, et que dans la vraie vie ce genre de situation ne m’arrive jamais. Elles veulent s’assurer que justement je les reconnais bien pour être sûres que je ne vais pas les virer de chez moi. Elles m’énervent avec leur comportement opportuniste. En plus c’est bien simple là j’ai envie d’exploser et que tout le monde disparaisse. Mais j’ai un truc plus important à faire d’abord : voir la maison, vérifier la verrière et m’assurer que la vertèbre de baleine est toujours en place. J’ai tellement peur de ce que je vais trouver, je mets dix mille ans à atteindre le salon alors que c’est pas si loin en vrai. Et bien sûr la porte du patio est complètement détruite. J’en étais sûre. Je vais tuer Felipe. Je retourne vers l’escalier et j’essaye de l’appeler, plus calmement parce que tout le monde me regarde mal. Apparemment ma mauvaise humeur gâche leur fête. Chez moi, putain ! Le temps qu’il descende j’ai le temps de m’imaginer entrain d’écraser la tête des deux blondes sur le mur de l’entrée. « Regarde la gueule du patio ! Qu’est-ce que je vais faire ? Qu’est-ce que je vais dire à ma mère ? Tu te rends compte combien ca coûte à remplacer ? La porte est complètement niquée ! Et on n’a pas d’argent ! Pourquoi tu les a laissé ouvrir ce truc ? Tu sais bien que c’est impossible à faire si on ne sait pas comment ça fonctionne. » Pendant que je hurle encore, je regarde la porte pétée et je me mets à pleurer. C’est l’horreur ce rêve. Surtout que j’ai tellement l’impression que c’est vrai que je n’arrive pas à en sortir. Je veux virer tous ces gens ! Je crie, je hurle dans tous les sens. Y’a des sons qui sortent mais personne ne réagit. Ma rage me reste coincée en travers de la gorge. Alors je fais ce que je fais de mieux quand je suis sur le point de péter un câble : je me casse, je fonce sur la porte d’entrée et je fuis.

La porte claque et j’arrive dans un gymnase, où tout le monde se bat et se court après. On dirait le gymnase de mon lycée, mais les gens sont ceux de maintenant. Ils n’ont rien à voir et puis c’est le bordel. Y’a des gens de sciences po, mais de plein d’années différentes, et même de ceux qui ne sont plus à l’IEP depuis longtemps. Y’a aussi des gens de ma famille. Je vois des mecs que j’aime bien, même si je leur ai jamais parlé, ou presque. Ca me rassure un peu. Mais je ne comprends toujours pas ce qu’il se passe même si apparemment il faut courir, parce qu'il y a des gens qui arrivent et qu'il faut surtout pas se faire chopper. Je flippe vachement, la rage s’en va mais la peur prend le dessus. Je monte des escaliers et j’arrive sur la place de la République. De Lille. C’est vide, enfin il n’y a personne de ceux qui couraient dans le gymnase et qui semblaient fuir la même menace que moi. A part une prof, qui loue des quads, et qui me dit que la fermeture est dans ¼ d’heure mais que si je me dépêche je peux sûrement arriver à rejoindre les autres à temps. Je n’ai jamais été aussi perdue, je ne comprends rien. En plus ça à l’air cher ce quad, et j’ai déjà pas d’argent pour aider ma mère à payer la verrière. Mais j’ai trop peur, les gens se rapprochent et il faut surtout pas qu’ils me choppent, ça j’ai bien compris. Alors je monte sur le quad, même si je me souviens à ce moment là qu’avec mon attelle ça ne va pas être facile à faire fonctionner. Mais le truc démarre. Et je fonce. Nulle part, partout, vers l’infini et au delà. Je suis seule et ça me terrorise. Et puis tout d’un coup je suis de retour dans le gymnase. Mais il est vide cette fois. C’est oppressant. Et puis je ne sais pas ce qui m’attend. Je suis seule. Et je flippe.

Il y a une porte au fond, alors je fonce, parce que le silence m’écrase. Et là j’arrive dans la maison de campagne de mon ex. Il fait noir, mais je me sens déjà un peu mieux. Je connais l’endroit même si ça fait longtemps que je n’y ai pas été. Peut être que je le verrai… Il y a du bruit au loin, des voix que je connais, genre Felipe, Pierre et Razout. Je ne suis pas seule déjà, ça fait plaisir. J’avance dans la pièce, mais je reçois une fléchette en mousse dans le cou. Je me retourne pour apercevoir une ombre sur la mezzanine. C'est ce mec, Stan, qui était à sciences po avant et qui est mignon, mais que je ne connais pas. Je l’avais vu dans le gymnase plus tôt. Il a une arbalète, un truc qui t’envoie un essaim de flèches dans la gueule sans même que t’ai le temps de rien faire. Et il m’a pris pour cible. Il décoche ses traits pendant que je me remets à courir. Ça me rappelle un jeu que je faisais avec mon père quand j’étais petite. Mais c’est dans le noir là donc je recommence à avoir peur. J’arrive dans une cage d’escalier et je sens le mec qui approche juste derrière. Je sais que je ne peux pas me retourner sinon c’est fini, je vais être faîte comme un lapin. Je saute des volées de marches, j’ai tellement peur de me faire attraper, je veux aller super vite, je me laisse tomber dans le vide. Mais Stan est toujours derrière et pas loin en plus. Les autres voix se sont éloignées maintenant, on est tout seul, et je cours de plus en plus vite sans parvenir à le semer ne serait-ce qu’un tout petit peu. Mais la course poursuite a cette fois quelque chose de maladivement attirant. Ça me rappelle quand j’étais petite, que je jouais à chat et que je me cachais derrière un arbre. Je me mettais à tourner autour pour éviter de me faire prendre pendant que le chat tournait dans l’autre sens et essayait de piéger en changeant de côté. J’avais tellement peur de ces moments, tellement peur d’être surprise que la crainte générait en moi un désir profondément malsain de me rendre en me jetant dans les bras du loup pour être protégée. #syndromedestockholm?

Or, là, justement, je sais bien que c’est perdu avec Stan. J’arriverais pas à m’en débarrasser. En plus au fond j’ai pas envie. Il me poursuit avec ses flèches et j’ai envie qu’il m’attrape. Alors je me rends, épuisée, au moment où on arrive enfin en bas de cette immense cage d’escalier. Je me retourne face à lui. J’ai l’impression qu’il me veut, qu’il me désire terriblement. Mais je refuse de faire le premier pas, pour pas avoir l’air bête. Il reste immobile, et la tension est énorme. Plus il ne fait rien, plus le temps passe et plus je deviens folle. Si ça se trouve j’ai tort, j’ai rien compris, il a pas du tout envie de moi et il ne va rien se passer. Et au fond même moi j’ai pas tellement envie que ça de l’embrasser. Mais j’ai terriblement besoin d’être dans ses bras. Et je suis fatiguée. Et ma tête est lourde. Et je peux plus me retenir alors je la pose sur son t-shirt, éreintée. Il me prend tendrement contre lui en me caressant les cheveux. Et c’est bien, même si je suis déçue parce que j’avais l’impression qu’il était fou de moi alors que là on dirait plutôt une forme d’amour fraternel ou paternel.

Et puis un groupe de personne passe. Ils viennent chercher Stan pour son exam. Apparemment c’est pour ça qu’on est tous là. On n’est plus dans la maison de campagne de mon ex depuis longtemps. Non là on est dans les sous-sols d’un autre gymnase. Un centre dans lequel je venais faire des compétitions de volley quand j’étais au lycée. Dans le groupe je ne reconnais que Razout, donc ça doit être pour l’ENA. Et Stan doit partir. C’est le moment akward du « au revoir ». Quand, encore une fois, tu sais pas quoi faire, parce que t’as envie, mais t’oses pas parce que tu veux pas te prendre un vent. Alors tu laisses partir l’autre sans rien dire plutôt que de froisser ton amour propre. Là il est justement entrain de me dire au revoir, mais sans effusion aucune. Donc je pars la première, courageuse, ou plutôt résignée. Je ne me retourne surtout pas, il faut pas être faible dans ces moments là.

Je passe une nouvelle porte et j’arrive dans une sorte de salon aménagé où tout le monde attend. Felipe joue sur son iPhone, Vadim parle avec lui et Pierre est assis en face. Personne ne fait attention à moi. Mais je suis déjà trop dégoûtée par ma passion ratée avec Stan pour m’en préoccuper. Je m’assoie en silence sur un fauteuil et je sens quelqu’un venir près de moi, un peu comme un chat. Je sais que c’est une personne, mais dans mon rêve on dirait un animal de compagnie qui vient se mettre contre moi pour me consoler. Il s’est assis un peu en dessous de moi et comme j’ai toujours l’impression que c’est un chat je lui caresse les cheveux pour m’apaiser et qu’il ronronne. Et, seulement à ce moment là, je réalise que c’est Vadim. Pendant que je passe ma main dans ses cheveux je vois deux lignes de tatouage dans son cou. Ces lignes changent, en fonction des tweets qu’il poste. Là il est entrain de twitter à propos de la pièce et des gens qui passent. Il met quelque chose sur une fille à laquelle il tient même s’il est froid. Et je demande si c’est moi. Mais il répond pas. Mais je suis la seule fille là. Et une autre ligne de tweet apparaît, juste en dessous, avec un message qui dit « Le silence, une affirmation de l’écoute. » Alors, seulement, je me réveille.

6 avril 2010

La complainte des filles de joie


#inlieswetrust


La maison c’est un peu comme un vieux bordel. Centrale, festive et tenue par trois louves, on y voit passer la population masculine de notre entourage en mal de lit/douceur/tendresse/bras pour la nuit. On a des Flaubert qui viennent y faire leur rapide éducation sentimentale et des Choderlos de Laclos qui se plaisent à rester pour le weekend, changeant dangereusement de lit au gré de leurs liaisons. Mais les mœurs ont beau être libres, les nouvelles paires de bras à découvrir s'endorment le plus souvent dans le divan du salon. Prêtes à faire les 400 coups, pas les 400 culs.
L’accueil de notre boudoir est chaleureux et reconnu dans toute la ville, le petit déjeuner copieux et la programmation musicale faisant sa réputation. La seule contrepartie réside dans le règlement intérieur : les clients doivent payer leurs passes. Selon les profils, un sourire, des croissants chauds ou un déshabillé peuvent faire l’affaire. En bonnes tenancières, on s’amuse ensuite à hiérarchiser les louveteaux en fonction de leurs rétributions #livinginamaterialworld. Mais ce classement reste généralement sans grand intérêt, nos hommes ne rivalisant pas de grandes attentions. Sauf parfois lorsque l’un d’entre eux nous surprend par ses manières distinguées, contrastant étrangement avec celles des brutes habituelles.

Guillaume fait partie de cette espèce rare là : bien éduqué, avec une élocution remarquable et de fines chemises d’homme qui sentent bon le coton, il aurait pu être le héros d’un livre de Jane Austen. Lui, quand il vient, il nous traite comme des ladies. Lui, quand il reste, il veille toujours à complimenter notre décoration ou nos nouvelles lingeries. Et surtout, lui, quand il part, il ne le fait jamais sans nous offrir une délicieuse bouteille de vin, minutieusement choisie dans la cave de Monsieur Guillaume Père.
Alors forcément, comme Guillaume n’est pas un client habituel, on ne boira pas sa bouteille de manière habituelle #nousnavonspaslesmemesvaleurs. De toute façon avec ses admirables manières, lui-même ne nous laisserait pas faire.

Mais dans une maison de « joie » comme la nôtre, où les rires et les plaisirs s’enchainent, comment déceler ce qui fait une occasion particulière ?

Pendant longtemps, les portes ont donc continué de claquer, la gaieté d’envahir les pièces et les voisines de venir se plaindre des vas et vient constant. La bouteille, elle, trônait toujours en reine sur le comptoir de l’entrée, attendant patiemment que son heure vienne, victime de notre perfectionnisme. On voulait en faire un moment à nous, rien qu’à nous, sans clients et sans salissures, pour honorer ce Darcy qui nous estimait tant.
Puis, la semaine dernière, la pluie s’est mise à battre fort sur les carreaux. La nuit s’annonçait calme, il n’y aurait pas de client ce soir. Mais, derrière la fine étoffe du rideau, une lumière bleuâtre, celle du vidéo store, clignotait comme un message en morse : « Dévalisez-moi ». Plus accoutumées à l’évidence du « Déshabillez-moi », un éclair d’innocence nous a traversé l’esprit. On avait soudainement envie de remplacer les jarretelles de satin par un pyjama en flanelle, de se lover sous la couette et de regarder une montagne de DVD qui alimenteraient nos rêves de princes charmants. Et, juste comme ça, une forme d’ivresse enfantine s’est emparée de nous.

Que le vin coule à flot !

Réchauffées d’une première goutte de l’illustre Sancerre, on a couru sous la pluie pour nous précipiter chez le loueur. Avec notre taux d’adrénaline à son maximum, la boisson a vite fait son effet. Tout sur place semblait irréel : du sol au plafond s’étendait devant nos yeux de petites filles ébahies une infinité de scénarios romantiques. On se trouvait chez un marchand de rêves. Et, prises par un vertige d’excitation, on a voulu tout emporter : Grease, Pretty Woman, Top Gun, The Notebook, Devil Wears Prada, Serendipity, Sex & The City, Mamma Mia, Moulin Rouge, Wedding Crashers, 500 days of Summer, Girl Next Door, Marie Antoinette, Pride & Prejudice, Bridget Jones et bien plus encore… L’alcool rendant tout possible, on voulait tout voir, ne plus jamais dormir, vivre dans les films et rencontrer nous aussi notre Darcy.
Et puis, comme cette première rasade ne suffisait pas à étancher notre soif de romance, on a commencé la soirée en grand par une séance de L’arnacoeur au cinéma. La salle obscure amplifiait nos chimères de baisers trempés de pluie, de virées passionnées en voiture volée et de mariages au bord de l’eau. Enivrées par notre glorieux breuvage, nous avons même manqué de bousculer certains de nos clients à la sortie de la salle. Que faisaient ils là? Se pourrait-il qu'eux aussi envient secrètement ces clichés romantiques? Mais nous avons immédiatement coupé court à nos tergiversations. Cette soirée était la nôtre, aucun homme ne pouvait la remettre en question ni aucune déception venir la gâcher : c’était la complainte des filles de joie.


Une fois la porte de la maison close et chaudement emmitouflées dans notre édredon, le reste de la bouteille a continué de couler dans nos veines pendant que les DVD s’enchaînaient et que les heures défilaient, sans un soupir, sans un bâillement. Chaque verre nous transportait un peu plus près de cette vie idyllique où les déclarations d'amour se font en chanson et où les mauvais garçons sont prêts à retaper des maisons entières pour prouver leur dévotion #ona12ans.com Une fois la dernière goutte versée, nos yeux se sont fermés, tandis que le film, lui, tournait toujours. Sur fond de Clair de Lune de Debussy, on s’est doucement endormies, bercées par nos rêves de petites filles. Les louves étaient redevenues brebis.
Au petit matin, des clients, les mêmes que ceux croisés dans la salle de projection la veille, ont refait leur apparition. Repues de romances et de larmes, confiantes et pleines d’espoir, on attendait qu’ils devinent un changement dans notre conduite. Mais ils n’y ont vu que les séquelles d’un alcoolisme naissant. Alors les éclats de rire sont repartis de plus belle, les portes ont repris leur ballet incessant et les draps ont à nouveau été froissés.

Ni gosses, Ni soumises.

5 avril 2010

Illusions perdues - Honoré de Balzac

#lacultureestlanourrituredelame


« Mais je vous vois entrant dans le monde littéraire et journaliste avec des illusions. Vous croyez aux amis. Nous sommes tous amis ou ennemis selon les circonstances… Vous vous apercevrez avant peu que vous n’obtiendrez rien par les beaux sentiments. Si vous êtes bon, faites-vous méchant. Soyez hargneux par calcul… Pour être aimé, ne quittez jamais votre maîtresse sans l’avoir fait pleurer un peu ; pour faire fortune en littérature, blessez toujours tout le monde, même vos amis, faites pleurer les amours-propres : tout le monde vous caressera. »