20 mai 2010

Imagine all the people

#auxpremièresloges



Quand les derniers rayons de soleil ont fini de chauffer mon visage, j’ai réalisé que j’avais passé la journée derrière cette fenêtre sans jamais l’ouvrir.

Alors, avant que le soleil ne disparaisse, je me suis posée sur le balcon et, accoudée à la balustrade, j’ai regardé le ciel rougir. Encore doré à certains endroits, il prenait des teintes orangées et rosées là où la boule de feu divulguait ses ultimes faisceaux. La lumière diffusée était celle des soirs d’été, une lumière ocre et ambrée qui sublime la ville et ses habitants. Sur la terrasse des cafés, on ne remarquait que les reflets blonds dans les chevelures des filles. Auparavant si fades, elles prenaient désormais une autre dimension. A tel point que je portais mon attention sur l’une d’entre elles. Avec ses longs cheveux blond vénitien elle me faisait penser à une baigneuse de Renoir. La peau albâtre et les traits fins, elle affichait un regard grave qui contrastait avec les éclats de rire des tables d’à côté. Les mains sur sa taille semblaient enlacer un ventre rond, plus rond que d’ordinaire. Soudainement, une de ses mains cessa de caresser l’embonpoint pour venir essuyer une larme. Cette femme m’attristait, alors que j’aurais voulu rêver et m’évader dans les calle brulantes d’Argentine, j’étais en train d’inventer la vie d’une inconnue au diabolo fraise. Enceinte de 6 mois, elle venait sûrement d’apprendre que son mari avait une liaison. Ou pire, que le père de l’enfant n’était pas le vrai père. Ou pire encore, que son mari venait de la quitter la laissant seule pour élever l’enfant. Ça y’est, j’étais partie dans mes tergiversations. Il était préférable que je porte mon regard sur quelqu’un d’autre. Comme ce gars en face, seul sur son balcon, qui regardait la ville s’éteindre. Au début, je pensais qu’il avait les yeux dans le vide, perdus au milieu des pots d’échappement. Puis, je remarquais qu’il observait lui aussi la jeune baigneuse. Sur un carnet de dessin, il frottait maniaquement son fusain. J’étais trop loin pour en avoir la confirmation mais je pense qu’il la dessinait. Ça devait être un artiste, un peintre, de renom sûrement. Et si les deux protagonistes se connaissaient ? Si c’était une mise en scène entre eux deux? S’il lui avait demandé explicitement de descendre, de s’assoir à cette table et de pleurer pour que son dessin soit plus significatif ? Et si c’était le père de l’enfant qui regrettait déjà son choix d’avoir quitté sa femme et tentait d’immortaliser les derniers instants. Et si c’était un psychopathe qui dessinait ses victimes avant de les tuer ? Devais-je prévenir la police tout de suite ou attendre un peu ?

Voilà pourquoi je n’ouvre jamais les fenêtres.

3 commentaires:

  1. renoir est connu pour avoir fait partie d'un courant de peinture qui, comme monet, cherchait à montrer les choses telles qu'elles nous apparaissent, et non telles qu'elles sont, c'est-à-dire qu'il sacrifiait le relief causé par un clair-obscur purement italiano-artificiel à une luminosité égale en toutes parties du sujet, éclairage peu avantageux pour les sujets, quitte à délaisser la profondeur des traits du visage.
    seulement, lors du coucher du soleil, la lumière horizontale accentue, naturellement cette fois, ces traits du sujet, ce qui le rapproche sensiblement des idéaux XVII° et XVIII°, en l'éloignant d'autant plus de ce que renoir aurait pu peindre.
    d'autre part, les cheveux dans la peinture en général n'ont jamais été de véritables sujets de technique picturales, se limitant à représenter la féminité de telle ou telle figure mythologique ou l'origine antique de tel berger.

    tl;dr ta comparaison est foireuse, il suffisait de dire que les cheveux étaient blond vénitien.

    #modechiantoff

    #jsuisunpeubourré

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  2. Ah ah merci pour ce cours d'histoire de l'art et joyeux anniversaire !!

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