25 mai 2010

Tu te souviens de ce film?

#arretetoncinema


 

« Le cinéma c’est l’écriture moderne dont l’encre est la lumière. » 
Jean Cocteau

20 mai 2010

Imagine all the people

#auxpremièresloges



Quand les derniers rayons de soleil ont fini de chauffer mon visage, j’ai réalisé que j’avais passé la journée derrière cette fenêtre sans jamais l’ouvrir.

Alors, avant que le soleil ne disparaisse, je me suis posée sur le balcon et, accoudée à la balustrade, j’ai regardé le ciel rougir. Encore doré à certains endroits, il prenait des teintes orangées et rosées là où la boule de feu divulguait ses ultimes faisceaux. La lumière diffusée était celle des soirs d’été, une lumière ocre et ambrée qui sublime la ville et ses habitants. Sur la terrasse des cafés, on ne remarquait que les reflets blonds dans les chevelures des filles. Auparavant si fades, elles prenaient désormais une autre dimension. A tel point que je portais mon attention sur l’une d’entre elles. Avec ses longs cheveux blond vénitien elle me faisait penser à une baigneuse de Renoir. La peau albâtre et les traits fins, elle affichait un regard grave qui contrastait avec les éclats de rire des tables d’à côté. Les mains sur sa taille semblaient enlacer un ventre rond, plus rond que d’ordinaire. Soudainement, une de ses mains cessa de caresser l’embonpoint pour venir essuyer une larme. Cette femme m’attristait, alors que j’aurais voulu rêver et m’évader dans les calle brulantes d’Argentine, j’étais en train d’inventer la vie d’une inconnue au diabolo fraise. Enceinte de 6 mois, elle venait sûrement d’apprendre que son mari avait une liaison. Ou pire, que le père de l’enfant n’était pas le vrai père. Ou pire encore, que son mari venait de la quitter la laissant seule pour élever l’enfant. Ça y’est, j’étais partie dans mes tergiversations. Il était préférable que je porte mon regard sur quelqu’un d’autre. Comme ce gars en face, seul sur son balcon, qui regardait la ville s’éteindre. Au début, je pensais qu’il avait les yeux dans le vide, perdus au milieu des pots d’échappement. Puis, je remarquais qu’il observait lui aussi la jeune baigneuse. Sur un carnet de dessin, il frottait maniaquement son fusain. J’étais trop loin pour en avoir la confirmation mais je pense qu’il la dessinait. Ça devait être un artiste, un peintre, de renom sûrement. Et si les deux protagonistes se connaissaient ? Si c’était une mise en scène entre eux deux? S’il lui avait demandé explicitement de descendre, de s’assoir à cette table et de pleurer pour que son dessin soit plus significatif ? Et si c’était le père de l’enfant qui regrettait déjà son choix d’avoir quitté sa femme et tentait d’immortaliser les derniers instants. Et si c’était un psychopathe qui dessinait ses victimes avant de les tuer ? Devais-je prévenir la police tout de suite ou attendre un peu ?

Voilà pourquoi je n’ouvre jamais les fenêtres.

16 mai 2010

Voyage initiatique

#tetedemaure


C’est un ancien carrelage écaillé noir et brun qui mène jusqu’à la porte d’entrée. Une porte lourde en bois vieilli qui sent bon la Corse, la vraie, la profonde. Pas celle que je retrouve chaque année dans ma maison de vacances à moi. Celle-là donne sur la place poussiéreuse de Muracciole où les enfants dérapent dans le gravier avec leurs faux BMX pendant que j’essaie de faire mes devoirs. Ils veulent m’emmener dans l’ancien tunnel qui abrite maintenant des chauves-souris mais j’ai promis de finir ma chorégraphie avec la nièce de celui qui vit ici. Elle m’impressionne à naturellement inventer ses mouvements sur Upside Down alors que je ne comprends pas encore l’anglais. Son air moqueur me rappelle les pépés qu’on a croisés la veille en rentrant du torrent, tous assis à la traîne sur un banc avec un chien goguenard à leurs pieds. Demain elle a promis de me montrer un bassin dérobé où on peut se baigner nues. Elle dit qu’une fois que j’aurai découvert la liberté de l’eau contre toutes les parcelles de ma peau je ne pourrais plus m’en passer. C’est froid au début, surtout en haut des cuisses, puis mon corps s’habitue et elle m’éclabousse jusqu’aux épaules. L’eau est pure, je découvre. On s’enfuit mal enveloppées dans des paréos trempés volés aux parents quand le groin humide d’un cochon sauvage surgit dans les fougères derrière nous. Pendant qu’on rentre à pied sur la route sinueuse en évitant les voitures elle me demande de lui raconter ma Corse à moi ; celle d’en bas, celle que le continent a créé près de la mer et qu’elle ne voit jamais qu’en arrivant à l’aéroport. Je parle d’Ajaccio, du port, des glaces qu’on y prend au milieu des yachts et des blacks qui vendent leurs bibelots, du chemin du retour par la rue Fesch et du nectar de poire que ma grand-mère aime boire à gauche du palais. Je parle du viaduc à la sortie de Mezzavia, de mon grand-père qui s’extasiait toujours sur ses grandes pattes pierreuses et des quelques moutons qu’on voit encore parfois passer dessus. Je parle de la chaussée cabossée jusqu’à Lava, de ses bords parfois brûlés parfois verdoyants, de la maison en crépis, du toit en tuiles et du jardin bordé d’ibiscus et d’agaves. Je parle des incendies qui adviennent souvent, de ce qu’on les attend fébrilement avec mes cousins pour voir surgir les canadairs derrière la dune, du bruit assourdissant qu’ils font et de l’excitation qu’on a à les voir frôler l’eau pour remplir leurs ailes disgracieuses. Je parle de la vieille méhari orange dans laquelle on s’entasse tous pour remonter de la plage, des batailles pour passer en premier à la douche et des plantes de pied qui brûlent sur la terrasse en carrelage. Je parle de mon oncle qui tranche la coppa pour le déjeuner, de l’odeur du basilic qui remplit mes narines jusque sur la mezzanine quand je me change et des beignets au brocciu qu’on mange en dessert. Je parle de l’heure sacrée de la sieste, des orteils de mon frère qui dépassent du hamac, de l’odeur du lentisque dans lequel on s’invente des cabanes et des épines de pin qui tombent sur les parents pendant qu’ils jouent au scrabble. Je parle des 16h fatidiques où on a enfin le droit de redescendre à la plage, du chemin graveleux, remplis d’épines qu’on se presse tous de prendre pour être les premiers et des camions de cirque qu’on découvre parfois sur le parking. Je parle des excursions en bateau, de celles qu’on pousse jusqu’aux sanguinaires à la fin août pour l’anniversaire de maman, de notre recherche inlassable du rayon vert parmi les roches rouges et du retour plus calme où on s’endort dans les vagues. Je parle de l’attente de la tempête annuelle pour sortir les bodyboards, des cascades qu’on fait dans les rouleaux, du corps râpé par le sable qui brûle sous la douche et des cheveux emmêlés par le ressac. Je parle des parties de beach-volley organisée contre l’autre partie de la plage, celle où les garçons sont intimidants et roulent en quad. Je parle des bracelets miraculeusement retrouvés dans le sable, des traditionnels apéros qu’on organise dans l’eau et de la musique qu’on met comme dans la pub Hollywood pendant les feux d’artifice. Je parle des réveils à l’aube pour aller faire du ski nautique sur l’eau encore lisse, du gilet de sauvetage trempé par celui qui est passé avant, du pied qui coince pour entrer dans le chausson en caoutchouc et du flotteur qui nage à côté pour ne pas perdre la planche. Je parle des concours de bouée et de wakeboard qu’on fait lorsqu’il y a trop de houle, de l’avant du zodiac qui se braque sous le poids du démarrage et du vent qui déboule sans prévenir en renversant les serviettes dans l’eau. Je parle du retour triomphant sur la terrasse, des jumelles que les curieux ont laissées sur la table, du petit déjeuner qu’on prend devant la mer et de l’odeur de la fougasse grillée. Je parle des longueurs quotidiennes que les mamans font jusqu’aux 300 mètres, du début qu’on partage avec elles, des planches à voile qu’on évite, et des premiers bateaux amarrés auxquels on s’arrête pour bronzer puis plonger comme des gamins. Je parle des planches qu’on pique pour en faire des radeaux, du fait qu’on essaye tous de monter debout dessus malgré les vagues, des jambes qu’on racle en tombant, des yeux qui piquent et de l’eau qu’on avale. Je parle des légumes qu’on achète au bord de la route chez la maraîchère, des pizzas qu’on mange dans la paillotte du village, des enfants avec lesquels on se bat à la table voisine et des courses qu’on fait dans les lauriers pour éviter la nourriture. Je parle du ciel bleu, bleu, bleu de mon enfance et elle m’écoute. Elle m’écoute alors qu’hier encore elle m’apprenait railleusement l’anglais. On s’arrête au café de Rose pour prendre un coca dans des verres à bière sur le comptoir carrelé. Les tabourets sont trop grands pour nous, et les vieux monsieurs corses qui jouent aux cartes avec leur bouche édentée et leurs casquettes poussiéreuses m’auraient normalement inquiétés. Mais plus maintenant. Plus maintenant parce que demain on repartira dans notre espace Renault dégueulasse où je pourrai emboîter mon coca dans la tablette arrière. Et plus maintenant parce que demain je serai de retour dans ma fausse Corse à moi. Sauf que cette fois j’aurais grandi. Je n’aurai plus peur de ce sable qui se déforme à mesure que je m’éloigne du côté familial comme pour me dire : basta t’es plus chez toi maintenant, t’es une vraie si t’oses aller là bas. Là bas où les vagues sont plus grosses et les mecs plus beau gosses mais nettement moins sympas.

13 mai 2010

Ce n'est pas un long fleuve tranquille

#shittypartiels


J-7, Vous vous rendez compte que vous avez bientôt des partiels à passer et que ce serait peut être le temps de vous y mettre. Quoi de mieux que d’attendre le dernier moment pour commencer à réviser vos 15 matières des 60 pages chacune ?


J-6, Assez rapidement, vous vous apercevez que pour commencer les révisions il vous faudrait vos cours…complets, sans «rattraper cours du 24 février » ou « voir cours Mélanie » au milieu de vos leçons. Un peu à l’arrache, vous essayez de choper des cours un peu partout ! En ce qui me concerne, mention spéciale à Mélissa…


J-5, Une fois tous les cours rassemblés, propres et relus, vous sentez que vous êtes sur la bonne voie et vous décidez de vous relaxer un peu. Vous en profitez pour appeler tous vos potes de longues dates et abuser du chat Gmail et vous adhérez à des groupes Facebook comme « J’ai un problème de motivation avant que j’aie un problème de temps » ou « c’est décidé, je me concentre… Oh le joli papillon ». Après coup, peut être aurais-je aussi du adhérer au groupe « J’écris un blog où mes propos sont parfois mal compris et je m’en excuse car mon but n’est pas du tout de blesser les gens ».


J-4, Vous vous décidez enfin à ficher. Juste comme ça, pour le fun, vous vous amusez à résumer en 5 lignes la règle des taux de fixes variables sur des petites fiches bristol qui ne serviront que 2 jours. Au fur et à mesure que vous avancez, vous vous apercevez de la masse de travail qu’il y a encore à accomplir. Mais ça tombe bien, vous ne réussissez à travailler que sous pression.


J-2 Ces petites fiches sont devenues vos meilleures amies et vous les trimballez partout, où que vous alliez. Toilettes, salle d’attente, supermarché, train, métro, lit, cuisine, canapé…elles sont toujours là et en même temps, personne risque de vous les piquer étant donné qu’elles ne sont compréhensibles que par vous (surlignés et soulignées au stabilos fluos, elles ressemblent plus à des œuvres d’art contemporain qu’à des mémos pour révision).


Ces fiches, vous les apprenez par cœur, ou tout du moins vous essayez. A base de moyens mnémotechniques (BDS pour Becker Desrosières Michelat) et de stratégies en tout genre, vous en venez finalement à bout et êtes fiers de pouvoir citer les 3 points du grand II du chapitre 6. Ce qui vous reste le plus en tête toutefois, ce sont toutes ces petites anecdotes et petites phrases inutiles du genre « Selon le CE du 17 mars 1965 on ne peut pas être amputé d'un bras et chef de service d'une maternité » ou encore « En 1902 dans les estaminets, les candidats aux élections avaient ouvert une ardoise pour leurs électeurs, ces derniers pouvaeint donc boire gratuitement jusqu'au scrutin. ». Ça ne vous fera remporter aucun point aux partiels et pourtant dieu sait que vous auriez fait carton plein si on vous aviez interrogé sur la condition de vie des prostituées au 19ème siècle.


La veille, chacun adopte une attitude différente. La nuit blanche, facilitée par l’ingurgitation de guranson, red bull et vitamines en tout genre. Le coucher à 21h après avoir relu les fiches vite fait, après avoir pris un bon bain chaud et une infusion. Le coucher 23h après s’être maté quelques séries et jeté un coup d’œil sur l’actualité pour se donner bonne conscience.


Le jour J est un vrai calvaire. Vous avez passé la nuit à vous tourner et à vous retourner, à réciter vos cours dans votre tête et à regarder l’heure toutes les 30 minutes afin de bien vérifier que vous ne louperez pas votre réveil (alors que vous aviez enclenché 3 alarmes pour l’occasion).


Vous arrivez donc dans votre salle avec des cernes noir ébène, les cheveux sales, le visage pale et les yeux vides. Vous êtes fatigués et ça se voit, mais tout le monde est pareil et ça, c’est sacrément réconfortant! Vétus de votre jean le plus confortable et de vos converses cultissimes, vous avez bien pensé à enfiler une armada de pulls, car le chauffage est en option dans votre soi disant grande école (c’est pas comme si il ne dépassait pas les 5 degrés et qu’on se les gèle ?). Stylo, blanco, carte d’étudiant, vous êtes rodés et attendez avec impatience qu’on vous distribue les sujets.


Et là, le couperet tombe « En quoi les sciences sociales sont elles différentes des autres sciences ? », « Quels sont les objectifs et les limites des politiques économiques ?», « Quel mode de scrutin pour les élections de 2014 ? » et j’en passe. A chaque fois c’est pareil : prise de connaissance du sujet, regard circulaire dans la salle, clin d’œil complice à ses acolytes, commentaires rapides à voix basse -mais assez pour que votre voisin vous entende et compatisse-, panique, réflexion, re-panique, re-soupir, idées lancées à la volée, problématique, intro, ébauche de plans, retranscription, relecture et emballé c’est pesé... Oui sauf que parfois, au moment de l’étape de la réflexion…c’est le flou le plus complet. Alors on blablate, on brode, on abuse des synonymes et des métaphores pour embrouiller le correcteur et lui faire croire qu’on sait parfaitement de quoi on parle. #çapasseouçacasse


Un mauvais moment à passer est aussi la crise de nerfs devant sa feuille, vous savez quand on cherche un auteur ou qu’on ne se rappelle plus de la théorie évoquée au grand A) du chapitre 4 de la leçon 5. « ça commence par un C et y a le son ‘ouin’ dans son nom… Putain comment il s’appelle ?!! ». On l’a sur le bout de la langue,. On tirerait bien la langue, juste pour vérifier qu’il n’est pas là, mais ça fait un peu con et on se marre tout seul rien qu’à l’idée qu’on ait pu imaginer de faire une telle chose. Il faut dire que les partiels ça rend un peu débile aussi. On perd tout d’un coup toute capacité à avoir des conversations normales. On est capable de vous citer les 14 règles de stratégies ou de dessiner la Courbe de Philips les yeux fermés mais en ce qui concerne le reste, faut pas trop en demander. Quand on en arrive au point d’avoir un fou rire sur le prénom de Keynes, « Tu savais que Keynes s’appelait Maynard ? Non mais qui appelle son fils comme ça sérieusement ? » Et ben là on sait qu’on a touché le fond.


Heureusement, après une semaine de supplices et des heures et des heures de masturbation intellectuelle, la délivrance arrive. Petit à petit, on reprend vie, c’est le retour à la civilisation. Ménage, shopping, manucure, vaisselle, épilation, tout y passe. #bornagain.


Par contre, pas de cure de sommeil en perspective. D’abord, on fête ça et on le fête dignement, ensuite seulement on dort. Et une soirée post partiel, une ! Merci aux organisatrices de la soirée Karaoké de nous avoir laissé faire notre catharsis sur David Halliday. Et un grand big up à tous ceux qui ont sorti cette phrase à un moment ou l’autre de la soirée « Et, mais les PES, qu’est ce que vous faites là ? Vous n’avez pas un mémoire à finir ? ». Et une semaine de calvaire recommence…

8 mai 2010

Le vertige de l'autre


#chacunpoursoietdieupourtous
Tu me saoules avec tes grands airs de séducteur. Regarde toi, c’est pas avec tes jolis mots que tu vas m’avoir. J’ai peut être l’air envoutée, là, maintenant, mais c’est parce que je pense à l’autre. Je l’imagine lui à ta place. Ce n’est pas ta main sur ma cuisse mais la sienne. Si j’ai l’air flattée par tes compliments chétifs, c’est parce qu’ils auraient pu sortir de sa bouche. Toi ta bouche elle est pâteuse et grasse, elle me fait pas envie. Rien ne me fait envie de toute façon. Lâche-moi la main gros con. Laisse-moi partir. Il n y a que lui qui sait me parler. « Je suis intimidé d'intimidation » qu’il me disait, et moi je le croyais. Range ta main je te dis ! Il n y a que lui qui sait me toucher. A la rigueur passe tes doigts dans mes cheveux, ça me rappellera quand on se caressait. Quoi ? Tu trouves que je suis déguelasse ? Tu préférerais que je me taise et que je te fasse croire que c’est toi qui me fais de l’effet ? Pour moi, ce soir tu es lui et si t’as envie d’être un autre alors dégage. 


Tu sais, ça ne me dérange pas qu’il y en ait une autre. J’ai toujours été captivée par les histoires maladives. Elle ressemble à un animal sauvage, une enfant qui n’a besoin de personne pour s’en sortir mais que tu refuses d’abandonner. Quand je pense à toi j’ai obstinément cette image d’elle assise sur une chaise avec une jambe repliée sous son corps déchiré qui m’aveugle. Elle est belle dans toute son horreur, et elle joue ses notes éparses sur le piano désaccordé de mon entendement. Personne ne la comprend, même pas toi. Surtout pas toi. Même si tu y crois avec une force qui m’intimide. Pourtant je ne suis pas seule quand je m’égare : il n’y a rien dans ce désert. Rien à part toi et moi. Deux sots qui croient encore à l’espoir. Mais dans la recherche de cet or noir nous ne trouvons que l’oubli, la peur, le vide : le vertige de l’autre. Rien que deux végétaux flottant dans un marais d’alcool.

6 mai 2010

Envies culottées

#mieuxqueleprozacleshopping

10 bonnes raisons irrationnelles de craquer pour une culotte

  1. Il est écrit Kiss Me sur les fesses et c'est terriblement régressif, mais je ne la porterai que quand je dormirai seule et m'assurerai que personne ne la voit jamais.
  2. Elle est en organza et sera impossible à laver ou même à porter, mais elle sera très bien dans un cadre au dessus de mon lit.
  3. Elle a une taille haute qui fait madame, mais c'est très classe et Jackie O - même si l'Homme ne comprendra certainement pas la référence-.
  4. Sous un jean taille basse elle dépassera. Je n'ai pas de jean taille haute. Tant pis, j'achèterai donc un jean taille haute.
  5. Il ne reste que du 36 et je fais un bon 38 voire un 40, mais elle me motivera à enfin commencer mon régime.
  6. Elle est noire en dentelle et j'en ai déjà 10 comme ça, mais l'Homme m'a dit un jour que cela me rendait divine et depuis je les collectionne pour les jours de blues.
  7. Elle a des strass qui partiront dès le deuxième lavage, mais tant pis. Je ne la laverai pas et elle deviendra aussi culte que celle de Madonna vendue sur Ebay.
  8. Elle a des pois et la petite fille qui m'a vu l'essayer dans la boutique a dit que ca faisait mémé, mais c'est rétro et je me prend pour dita van teese donc j'assume.
  9. Elle est beaucoup trop osée avec son ouverture résille sur le postérieur, mais l'Homme insiste pour me l'acheter avec des yeux coquins: je craque.
  10. Elle est simplement irrésistible et je n'ai pas besoin d'une raison pour acheter une culotte. Non mais !


4 mai 2010

Tout un art

#savoirfaireabstraction




Tiffany n’est pas ce que j’appellerai une artiste. A moins que tremper ses mains dans de la peinture rose fuchsia et s'en servir en tant que pochoirs pour ses meubles puisse être assimilé à de l’art. Mais Tiffany est quand même très réceptive à tout ce qui concerne l'art contemporain et adore gloser sur des œuvres incongrues faites de papier mâché fluorescent. Ça tombe bien, moi aussi.
C’est donc tout naturellement qu’elle m’a demandée de l’accompagner au vernissage du salon Art Fair du Grand Palais de Lille, puis qu'elle m'a invitée à l’inauguration d’une galerie éphémère.

Bilan : c’est beau et abyssal, torturé et incompréhensible, enluminé et époustouflant. Mais l’adjectif qui conviendrait le mieux c’est sûrement « cocasse ». Avoir un fou rire devant une photographie de pieds de poules et manquer de s’étouffer face à une souris dépecée ? Done !

En fait, il faut dire que le contexte ne nous aidait pas à garder notre sérieux.
A peine arrivées, on a remarqué un certain détonement avec la faune locale. Les talons et la robe de cocktail ne suffisaient pas à nous fondre dans la masse, il nous aurait fallu un petit truc en plus. Comprendre par là : une paire de santiags rouge coquelicot, un collier extravagant en tissu, des escarpins transparents ou même un tatouage Donald ou Pocahontas (on a vu au moins deux personnes avec des personnages de Disney dessinés sur le bras… #marjacobsisatrendsetter). Par contre, le détail excentrique était toujours combiné à un accessoire de mode : perruque rose mais dernier sac Miu Miu, piercings partout sur le visage mais foulard Maje dessiné par Ariel Wizman. Bref, on s’est bien amusées à voir défiler ces pointures de l’originalité et je dois dire qu’au final, même si on s’est ouvertement moquées d’eux, on a adoré leur côté délurostylé.

Le Cosmopolitan gratuit ne nous a pas facilité la tâche non plus. Le barman l’a fait devant nous, à la Brian Flanagan, en maniant le shaker à la perfection. On a eu envie de lui dire de y aller mollo sur la Vodka et le Cointreau, mais il a du penser que, bourrées, on achèterait plus facilement les œuvres.

Nous étions donc un peu guillerettes, accompagnées d’une foule atypique, tentant de décrypter le sens caché des créations.

« Oh regarde, un abattoir japonais ! Mais attend, ce sont des femmes mortes à la place des vaches non ? Mais c’est bizarre, il n y a pas de sang ! Mais si on dirait des mannequins, de cire, comme des Barbies non ? Ah non j’ai trouvé, ce sont les nouveaux jouets sexuels asiatiques, des poupées gonflables plus vraies que nature. »

« Qu’elles sont chou ces deux petites jumelles… Ah, selon toi c’est une seule enfant photographiée deux fois ? Mais là ses yeux sont différents, et sa bouche aussi, non ? Ou alors c’est des jumelles sosies. Oui en même temps c’est vrai que la caractéristique des jumelles c’est de se ressembler…»

« David Lachapelle, ce génie de David Lachapelle !! Regarde ce gros cochon dégueulasse qui frappe Pamela Anderson. Et l’hamburger géant qui écrase l’anorexique ? Tellement cru, tellement gore, tellement porno, tellement pop. Je suis faaaaaaaaaaan. Comment ça je m’emporte un peu trop ? »

Au fil de l’exposition, on a aussi fait des rencontres surprenantes.

« Kéké ? Mais qu’est ce que tu fais là ?
- En fait je suis modèle pour Maxime Dufour. J’ai posé pour une de ses photos.
- Ah montre moi, c’est laquelle ?
- Ben là en fait il y a une fille qui a le visage collé dessus donc tu ne peux pas trop voir.
- Ok j’irais jeter un coup d’œil après, mais dis moi ce que ça représente ?
- Sur la photo je suis complètement nu dans un parking avec un masque de lapin.
- Glurp. Ok. Donc maintenant je comprends mieux pourquoi Tiffany est prostrée devant depuis 15 minutes ! »

« Bonjour mesdemoiselles, mes œuvres vous intéresse ?
- Oui, on aime beaucoup.
- Par ce mélange de relief, de naïveté et d’horreur, de mélancolie et de passions, et de collages superposés, j’ai essayé de révéler la candeur de la société post moderne. J’ai voulu absoudre cet hygiénisme intemporel qui réhabilite la capacité de s’évader et de se pourvoir de tous les agrégats nocifs.
- ….
- C’est 18 000 euros, je vous donne mon numéro de téléphone ? »

Le moment le plus étrange se passa lors du deuxième vernissage, dont le thème était « anémie ». Déjà, le ton était donné. On était dubitatives devant une série de portraits et on cherchait désespérément à en déchiffrer le message. Sur des toiles, des scènes religieuses, type résurrection et annonciation, étaient représentées en noirs et blancs par des clowns dont seulement le nez rouge ressortait du panneau grisâtre. En fond, des inscriptions latines se mêlaient à des mots français comme « vivre » ou « manifestation ». Personnellement, j'étais complètement imperméable au concept, sûrement parce que j’ai un énorme problème avec les clowns depuis mon enfance. Ils ne m’ont jamais fait rire, j’en ai même peur. Ce nez, ces cheveux, cette peau toute blanche, ces grandes chaussures, brrrr. Et aussi parce que j’ai vu « It, il est revenu » de Stephen King alors que j’avais 6 ans.

Pas convaincues, on était prêtes à partir quand quelqu’un nous tapa sur l’épaule. « Alors mesdemoiselles, vous en pensez quoi ? Mes œuvres vous plaisent-elles ?». Et allez, encore un peintre imbu de sa personne qui veut qu’on le complimente! J’affichais donc mon plus beau sourire, je me retournais et me préparais à le féliciter #fauxculquejesuis. Mais à peine m’étais je retournée que je poussais un cri de frayeur... ce con s’était déguisé en clown ! Toute la salle m’a regardée, je suis devenue aussi rouge que son nez.
Autant dire qu’il n’a pas eu les compliments qu'il escomptait.

2 mai 2010

The impossible cool


#lexterminateurfaitduzèle


J’ai jamais su dire quand je pensais quelque chose de bien de quelqu’un. J’ai jamais su jouer la fille gentille. Quand j’aime bien un mec le premier truc que je fais c’est le mettre mal à l’aise. Parce que si tu sens que je t’admire c’est moi qui me sens vulnérable. Et je sais pas être vulnérable. Je suis une putain de control freak en manque de limites.
Je sais pas ce que c’est que d’être amoureux, mais si je pouvais je porterais tes chaussures, je m’habillerais avec tes chemises et je garderais ta médaille entre mes dents plutôt que de la voir pendre salement à ton cou. Une fois j’ai maté Grey’s et ça avait presque l’air bien l’amour. Un mec devait regarder crever sa femme. Parce que c’était ce qu’elle voulait : clamser plutôt que souffrir. Il devait même aller lui acheter les médicaments qui lui permettraient à elle de mourir. Tu sentais bien que parce qu’il l’aimait c’était le dernier truc qu’il voulait faire. Mais le Duane Reade refusait sa carte vitale et il se retrouvait sous la pluie à chercher le distributeur qui lui filerait la liasse d’argent sale qui ferait disparaître sa meuf.
J’ai toujours cru que c’était ça l’amour : un truc crade, obscène et coupé au scalpel #coldandbrokenhallelujah. Mais ça c’est parce que je regarde pas la télé, j’écoute pas de musique et j’aime pas écrire. Si je pouvais, je boirais pas. Avant aussi je disais que j’aimais pas les gens qui fument. Maintenant je ne fume toujours pas mais je traîne qu’avec eux. Je suis pas quelqu’un d’inspiré ; pas par moi, pas par toi, pas par eux. Je suis une imposture. Je suis bête et méchante. Je critique tout. Je produis rien. Je suis de ces gens qui se croient les meilleurs du monde alors qu’ils sont profondément mauvais. Je suis pas cool, je suis pire.
T’as vu c’est facile d’écrire bien des trucs méchants. Sans te mettre en danger. Mais vas écrire un truc sympa sans avoir l’air con et on en reparle. En attendant tu me parles meilleur ste plait. Sinon c’est moi qui ferais Guillaume Tell avec ta tête la prochaine fois.

1 mai 2010

"How the hell did this happen?"


#englishplease



Ensconced in her seat, Gloria kept asking herself the same redundant question...
It seemed not long ago that she had good friends, a loving family and dreams to hold on to. Her life had been easy once, made of happy late breakfasts on Sunday Mornings and annual vacation to her favorite sea spot in Italy. She was a brilliant kid at the time… Raised alongside to her little brother by talented artistic divorced parents, she had successfully graduated from one of the most boho-hype school of Paris. There she had met her closest friends, Bridge and Lizzie, as well as a bunch a guys who were all soon-to-be wannabe stars of the Parisian new rock wave. She had more or less secretly fallen in love with several of them, and notably one that she liked to believe resembled the singer of her favorite band: the Red Hot Chili Peppers. This kid, that she didn’t even remember the name now, was her first true but platonic love. She somehow had had the chance to taste his lips once, but only for a split second before he withdrew this sweet privilege from her forever. Fortunately for Gloria, on the way to graduation Anthony Kiedis turned into Wes Anderson and her love for rock’n’roll let place for a new fancy of dark rooms with pop corn smell and glamorous actors, where she met new guys who aspired to be movie directors this time…
She used to love this life. Yet, there she was, sitting in a low cost airplane, her eyes still filled with the blur that had crossed her way.