12 avril 2010

Il n'y a pas d'anniversaires heureux

#jaitrouvémonfondant

Les anniversaires c’est comme les premières fois, c’est toujours un peu raté. Plus les années passent et plus je redoute ce jour symbolique. Je ne devrais pas, mais les antécédents font que j’ai de quoi me méfier.

Pour mes 7 ans, je me suis fait couper les cheveux. En dehors de ma volonté.
« Maman, pourquoi on est chez le coiffeur ?

- La coiffeuse va te faire un petit carré, tu verras, ça fera plus jeune fille. Il faut marquer l’occasion, tu vas entrer dans l’âge de raison maintenant ! »
J’ai perdu mes belles boucles, ces ondulations dorées que je faisais virevolter sur mes épaules. Pour me venger, j’ai décidé de passer directement de l’âge bête à l’âge ingrat.

Pour mes 14 ans, c’était le dimanche de Pâques. Une journée qui a débuté par un Notre Père à l’Eglise et qui s’est poursuivie avec un repas familial comme on n’en fait plus, à base de gigot d’agneaux et de flageolets, comment rêver mieux ? Amen. Et puis les mauvaises surprises ont continué. Au moment d’ouvrir les paquets, j’ai comptabilisé 4 poules en chocolat, 2 lapins, 1 cloche et 1 œuf. Uniquement des cadeaux qui fondent dans la main… recevoir un billet de 100 francs relevait-il du miracle ? On était en train de célébrer la résurrection de Jésus, j’avais donc de bonnes raisons de croire qu’une enveloppe pouvait elle aussi faire une réapparition surprise. Rien ne s’est produit. La vierge Marie ne devait pas être si vierge que ça.
Pour mes 19 ans, ma mère a voulu organiser une fête derrière mon dos. Sauf qu’entre le moment de l’organisation et le jour J, j’ai rompu avec mon petit ami de l’époque. Pour se venger, il a claqué la porte en me lâchant « au fait, tu diras à ta mère que je ne viendrai pas à ta fête surprise ». Essayer de feindre une once d’étonnement quand vous êtes au courant de tout, vous verrez, c’est délicat. De là à gâcher la soirée, il n y a qu’un pas.
Pour mes 20 ans, on a tous abusé du champagne. Sur les 20 invités, la moitié a du vomir, les draps/moquettes/vases/jacinthes du jardin, s’en souviennent encore. Sur le moment j’ai trouvé ça drôle, je me suis prise au jeu « moi aussi, moi aussi !! ». Le lendemain, j’ai beaucoup moins ri.
Pour mes 21 ans, je venais d’arriver en Italie où je devais faire un stage pendant 4 mois. Le hasard a fait que mon premier jour de travail coïncide avec celui de mon anniversaire. Ne connaissant personne, je suis restée discrète et je n’ai rien dit. Mais mon portable n’arrêtant pas de sonner, ma collègue s’est un peu échauffée. Voulant faire bonne impression, je me suis excusée et lui ai avoué qu’aujourd’hui c’était un jour particulier. Vers 15h, le grand chef nous a tous réunit dans son bureau. Les 50 employés rassemblés, il a débouché les bouteilles et sortit les petits : « aujourd’hui c’est l’anniversaire de l’une d’entre nous, pour l’occasion, j’espère qu’elle va nous faire un petit discours ! Veuillez donc tous lever vos verres pour…Djoustine ». Le cœur battant à 100 à l’heure, les mains tremblantes, jonglant entre le carmin et le violet, j’ai du faire un speech devant toute une assemblée de Rigatonis qui n’avaient aucune idée de qui j’étais et qui se demandaient pourquoi mon ‘R’ ne roulait pas naturellement. A l’avenir, j’éteindrai mon téléphone.

Cette année, j’ai eu beau essayé de repousser l’échappatoire, mon anniversaire est arrivé comme prévu #imnotsuperwoman.

De retour à la maison familiale pour les vacances, je sentais que cette journée allait encore être à marquer d’un fer blanc. Et elle le fût.

A 7h30 mes parents ont débarqué dans ma chambre.

« Putain mais vous faites quoi là ? Et il est quelle heure d’abord ? La lumière bordel !

- Joyeux anniversaire !!

- Ah oué c’est vrai, ben…mmmmh…. merci, mais bon il est un peu tôt là non…

- Y en a qui bossent ma grande, alors on voulait te souhaiter un bon anniversaire avant de partir au boulot, c’est la moindre des choses.

- Ah oué trop sympa. Ben travaillez-bien alors. Je vais me recoucher là hein ? A moins que vous vouliez autre chose #commemoffrirmescadeaux ?

- Non, non c’est bon on a fini, rendors toi »

Autant dire que je ne suis pas parvenue à me rendormir, et puis le téléphone vibrait déjà, et il fallait vite que je consulte mon Facebook et mes mails #livingwithmytime. Au passage, nota bene pour l’an prochain : les anniversaires souhaités par des gens à qui je ne parle plus depuis plus de deux ans et qui pensent que je suis à eux (MA Justine) sont à proscrire absolument.

Au moment du déjeuner, j’ai eu une pomme en guise de dessert. La tradition veut qu’on préfère m’acheter des livres pour m’aider à maigrir plutôt que de me faire plaisir avec un fondant au chocolat.

Vraiment, chez moi, les anniversaires, c’est comme les pommes bios. Au premier abord, leur peau luisante les rend désirables et nous promet une chaire juteuse et parfumée. Mais quand on croque dedans, elles se révèlent être verrées et gorgées d’eau.

Et puis le soir, il est venu. Il s’est déplacé pour me le souhaiter en personne. Comme d’habitude, il s’est assis sur mon lit et on a parlé. On a ri. Il avait vieilli, mûri. Physiquement, mentalement. Il était stressé, il attendait une réponse importante. J’étais heureuse, ma journée prenait une autre allure. Il parlait vite, il gesticulait, il tordait mon coussin dans tous les sens. Je l’ai apaisé, rassuré. Finalement il est parti. La nouvelle était mauvaise. J’ai voulu l’aider mais Je n’ai pas trouvé les mots. J’ai été maladroite. Et puis il s’est énervé. Je lui en ai voulu. Je m’en suis voulu. Pourquoi il ne pouvait pas être livré avec un mode d’emploi ?

A chaque fois c’est pareil, trop de questions, trop de non-dits, mais il revient toujours et il maltraite inlassablement mon oreiller. Finalement, c’est peut être lui mon fondant ?

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