20 juin 2010

Scène de bataille

#lavielibrementinspiree

Gloria gisait contre le mur du fond où on l’avait traînée afin de la mettre à l’abri des éclats de verre. Ses deux jambes étaient allongées dans une position bizarre. Elle avait été touchée au genou droit. Son visage était sale et couvert de sueur, luisant sous les phares des projecteurs. Il faisait très froid. Félix était assis à ses côtés, le visage déformé par la peur, ses vêtements éparpillés autour de lui. Gloria regardait droit devant elle, le regard brillant. L’épais rideau en velours de la scène s’était écroulé et une tringle en fer était restée accrochée toute tordue piquant du nez vers le sol. Des cadavres de bouteilles gisaient sur l’amas de tissu à l’ombre de la paroi. Plus loin dans le décor il y avait d’autres cadavres. Les choses allaient bon train dans la salle. Tout marchait bien. Les pompiers n’allaient plus tarder à arriver. Gloria tourna la tête et regarda Félix : « Ecoute moi, Félix, écoute. Toi et moi, on a signé un contrat séparé. » Félix restait immobile sous le spot, respirant avec peine. « On n’est pas lié. » Gloria détourna la tête et un sourire naquit sur son visage, au milieu des trainées de sueur. Félix était un public décevant.

8 juin 2010

Souvenirs biaisés

#memorystick

Je suis là, les yeux cerclés de noir, à regarder Channing Tatum se faire transpercer par deux balles et mourir à petit feu et je repense à hier soir. Le téléphone vibre, ça doit être toi. Ça attendra. Et puis la vibration est sourde, le temps que je le trouve, tu auras déjà raccroché.


Ce film est vraiment nul, j’aurais peut être du répondre finalement. Tu m’aurais raconté tes déboires avec les clientes et je t’aurais interrompu en fredonnant que j’étais nostalgique. Tu m’aurais demandé de quoi et je t’aurais répondu de ça et de ces réveils endoloris sur la plage, des ces après midi caniculaires sous la moustiquaire, de ces diners citronnés, de ces nuits à fumer tes Camel et à s’enrouler dans des draps humides. La réalité est trop prosaïque, je n’ai pas envie de te dire que je passe mes journées dans des amphithéâtres à commenter la réforme des retraites et à savoir pourquoi il y a un pot de fleur fané dans un frigo. Je ne veux pas te parler de mes cours et concours qui n’ont de citronné que l’acidité. J’aime mieux rêver avec toi.


Ah, tu ne m’as pas appelé en fait. C’était le signal de la batterie faible. Hum.


De toute façon tes clopes elles puaient, la crème solaire tu l’étalais mal et à quoi ça servait de mettre un masque et un tuba dans 10 cm d’eau ? T’avais l’air con avec. C’est de ça et de ton short délavé Rip Curl que j’aurais du me souvenir hier soir. Et merde.